On parle de garçon boucher, d’apprenti boucher ou d’ouvrier boucher, quant à la bouchère, c’est dans l’esprit de tous l’épouse du boucher. La société bouge, le vocable traîne des pieds
Avoir son portrait dans le Washington Post, l’un des quotidiens les plus influents du monde, si ce n’est, depuis le Watergate, le premier, n’est pas donné à tout le monde. Une jeune Française de 23 ans vient de bénéficier de ce privilège. Elle s’appelle Stéphanie Gerbier, originaire de Tassin près de Lyon, et a décroché cette année l’une des trois places du concours « Un des meilleurs apprentis bouchers de France », plus connu parmi les aficionados sous son sigle de MAF, organisé par la Confédération française de la boucherie, laquelle d’ailleurs, toute fière de cet événement, précise sur son site internet qu’il n’est plus rare de voir de jeunes femmes « artisans bouchers ». La féminisation de ce nom de métier attendra, après tout même au plus haut niveau de l’Etat on ne sait jamais s’il faut dire madame Le ou La ministre, l’essentiel est que Stéphanie est heureuse dans son travail.
A l’heure de la « rupture », Stéphanie Gerbier en a provoqué une à sa manière dans un parcours que ses parents voyaient plutôt du côté de la gestion et de la comptabilité. « Il est plus confortable de travailler dans un bureau climatisé que dans la chambre froide d’une boucherie », avoue l’ancienne élève en BTS Assurance au Washington Post, « mais je ne regrette rien. J’aime tout dans mon métier, couper la viande, la préparer et le contact avec les clients lorsque je leur donne mes astuces pour bien préparer les plats ». Le journal américain fait d’elle l’exemple même de ces femmes qui franchissent les barrières culturelles dans le mouvement de transformation qu’opère le marché du travail européen au début du XXIe siècle. « L’attrait pour les carrières prestigieuses en col blanc et dans les professions high-tech a éloigné les jeunes des vieux métiers de l’artisanat dont la plupart ont été longtemps réservés aux hommes », constate-t-il.
Dans son bulletin d’information du mois d’avril dernier, « IMS-Entreprendre pour la Cité », l’association créée en 1986 par Claude Bébéar et qui milite contre les discriminations dans le monde de l’entreprise, notait à propos de la division sexuelle du travail que si en France "l’encadrement se féminise, les femmes restent peu présentes sur les emplois d’ouvriers qualifiés, de techniciens et agents de maîtrise intermédiaires et surreprésentées dans les postes non-qualifiés". Dans son argumentation en faveur d’une mixité accrue dans les métiers traditionnellement masculins, l’association met en avant notamment l’enjeu d’avoir des salariés, femmes, plus représentatifs des clients/consommateurs pour mieux répondre à leurs attentes mais aussi celui de favoriser la créativité et l’innovation par la complémentarité des points de vue et ainsi se différencier sur son marché.
(AGORAVOX-0607)
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