Ils étaient gamins au début des années 1990. Ils n’ont pas connu l’âge d’or de l’Après-guerre, où l’objectif d’indépendance alimentaire portait, sans souci, la formidable croissance des productions. Ces enfants du baby-boom sont avant tout les enfants de la Pac, de la mondialisation des échanges et de la diversification de la production. À la logique d’hier “produire toujours plus”, les jeunes agriculteurs répondent “raisonner toujours plus”. Car le métier a changé. Les moyens ont été réduits, les contraintes se font plus fortes et les compétences nécessaires sont toujours plus nombreuses à réunir. De la gestion familiale empreinte du “bon sens” du chef d’exploitation, les jeunes agriculteurs font face aujourd’hui à une autre réalité : leur ferme est devenue une entreprise comme les autres, dont ils assument, parfois seul, la responsabilité. Tout en cultivant un certain savoir-vivre. Rencontre avec une génération.
Patrice Boinot, 35 ans, élève des vaches laitières et possède quelques hectares de céréales à la Chapelle-Thireul dans les Deux- Sèvres. En 2005, pour la première fois, il a posé nu dans un calendrier, comme les rugbymen… Pour quelle raison ? « Pour casser l’image des anciens ! Celle du gars bourru au fond de sa campagne, avec son béret et sa baguette sous les bras ». Le calendrier, réédité plusieurs fois, était destiné à récolter des fonds pour le Téléthon. Opération réussie avec plus de 49 000 euros collectés, qui font la fierté des jeunes agriculteurs, modèles d’un jour des Deux- Sèvres. Mais au-delà de l’acte de solidarité, l’initiative marque l’envie de communiquer chez les jeunes représentants d’une profession qui se renouvelle.
PLUS ÂGÉS, PLUS FORMÉS
« L’image des agriculteurs est en train d’évoluer positivement. Tant mieux, car ce sont des choses qui nous coûtent » confie Patrice Boinot. Comme bon nombre des ses congénères, Patrice Boinot s’est installé tard, à 31 ans. Hier, les enfants d'agriculteurs rejoignaient l’exploitation sitôt le certificat d’études en poche. La moyenne d’âge des jeunes agriculteurs se situe maintenant aux alentours de 28 ans. Brevet de technicien supérieur (BTS), école de commerce ou troisième cycle universitaire, ils souhaitent mettre toutes les chances de leur côté. Dans une note publiée en 2005, le service statistique du ministère de l’Agriculture relevait « un parcours de moins en moins linéaire » de la part des candidats à l’installation. De fait, près de 40% des agriculteurs qui se sont installés entre 2000 et 2003 travaillaient au préalable en dehors de l’agriculture. Presque un paysan sur deux ! « Avant, celui de la famille qui partait en exploitation était celui qui n’était pas capable de faire des études, note Philippe Meurs, à la tête du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA). Alors que c’est désormais un métier qui demande beaucoup de compétences : les trésoreries sont plus tendues qu’auparavant, on n’a pas le droit à l’erreur. »
DU MAXIMUM À L’OPTIMUM
Pascal Boinot démarre sa journée à 7h30 pour la finir à 20h. Voire plus en période de cultures. Une journée bien remplie comme il est d’usage dans le monde agricole. Mais la façon d’occuper la journée a changé, témoigne Pascal Bionot : « Mon père a vécu la belle époque. Plus ils travaillaient, plus ils gagnaient...
(MAGCULTURE - 05/07)
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